La précision du vague -Exposition
La précision du vague. Une documentation de friches industrielles et autres lieux délaissés pour la construction d’un imaginaire urbain et architectural
exposition au Centre de Design, UQAM, 7 février au 14 avril 2019
La nuance entre le terrain vague, la dénomination que l’on prête habituellement à ces lieux qui sont ni habités ni construits, et le vague, tout court, comme d’un espace d’errance, à la fois sémantique et spatial, peut paraître sans conséquence. Elle permet cependant de dégager ces lieux des attentes de productivité économique qui leurs sont généralement associées pour les envisager comme des lieux qui suffisent à leur propre existence. Et c’est à travers ce dégagement qu’on arrive à décrire le vague avec la précision qu’il requiert. Il s’agit en effet de lieux sur lesquels poussent arbres et arbustes, où sont déposés des déchets et autres objets familiers, où animaux et insectes séjournent, sur lesquels demeurent des traces d’usages passés, et où peuvent apparaître des pratiques inattendues. Il s’agit de lieux qui peuvent être décrits avec exactitude: l’objet du vague est tout à fait précis. C’est notre représentation, qui elle, l’entraîne dans l’état d’incertitude qu’on lui attribue généralement.
Fruit de 3 années et demi de travail, cette exposition tente de démontrer pourquoi et comment transformer cette représentation. Pourquoi: les lieux dits vagues sont essentiels à la compréhension et au déploiement de l’espace de la ville, au même titre que ne le sont les lieux construits. Il devrait sembler naturel que nous cherchions à les connaître avec autant d’attention que nous nous évertuons à construire une connaissance des lieux bâtis. Comment: un long travail d’inventaire est nécessaire pour d’abord déterminer ce à quoi ressemble le vague, les éléments qui le constituent, les transformations qu’il subit à travers les usages et les saisons, pour éventuellement arriver à articuler un nouveau regard—et non pas un usage—productif sur ce paysage singulier.
Dans l’ordre des choses: six jours de marche ont permis de traverser l’île de Montréal. Au fil de cette marche, un très grand nombre de lieux vagues ont été documentés, dont 120 ont fait l’objet d’un relevé photographique plus attentif. Un recensement des caractéristiques de ces 120 lieux a été dressé pour constituer une description objective du vague et mener à la sélection de 12 lieux représentatifs. Ces lieux ont ensuite fait l’objet d’un relevé précis pour être retranscrits en 12 dessins perspectifs. En parallèle, six élévations paysagères ont été composées et dessinées. Chacune est directement liée à une journée de marche et divisent ainsi l’île de Montréal en six parties: est-est, est, centre-est, centre-ouest, ouest, et ouest-ouest. Aussi, dans un effort continu d’inventaire, une collection d’objets et de végétaux a été constituée alors qu’un film et une captation sonore par saison, par lieu représentatif, ont été réalisés. C’est par l’entremise de cette longue et lente accumulation documentaire que ce travail espère transformer l’attention portée au vague, de quelque chose dont il faut se débarrasser ou remplir, à quelque chose que l’on accepte comme une partie prenante, positive, du paysage urbain.
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